Il est impossible d'aller à contre-courant de la nature. Ainsi, j'ai vérifié à distance et, encore aujourd'hui, tant les chutes Montmorency que les Chutes du Niagara ont coulé abondamment.
Au centre d'adoption Los Chiquitines aussi, les chutes ont coulé. Celles de Nathalie. Les miennes. Et celles d'au moins huit ou neuf personnes qui ont pris grand soin de Johan depuis... deux ans et quatre mois.
Nous devions arriver avec notre interprête pour 8 h 30 mais la circulation nous ayant favorisé, nous étions là à 8 h 05. Il nous a fallu attendre à la réception, bien discrètement, pour éviter que Johan -- prévenu seulement à 7 h 30 que nous allions le chercher ! -- nous voit. Imaginez le supplice... pour lui autant que pour nous !
D'un signe à l'autre...
Nous voyons des signes partout depuis que ce voyage s'est finalement mis en place.
Ainsi, hier et aujourd'hui, en bordure de la route surchargée de panneaux publicitaires de toutes sortes, j'en ai vu un, assez petit et distingué à travers tous les autres. Un mot bien visible en lettres majuscules: ROSARIO (qui fut le formidable grand-papa de Nathalie). Petit et distingué: ça résume tellement bien Rosario !
Aujourd'hui, jour de notre première rencontre avec Johan, c'est l'anniversaire de Gaby. Notre démarche est bien modeste: adopter un 2e enfant noir -- il a fait ça lui aussi, mais par milliers, durant 54 ans en Tanzanie...
Il nous avait promis de dire sa messe de ce matin, tout spécialement pour Johan.
Autre signe: la directrice de Los Chiquitines est la version colombienne de notre amie Jacqueline Morin -- qui nous aurait accompagnée durant une semainepour pratiquer son espagnol -- mais, avec notre départ tardif, ce n'était plus possible. Ça aurait été formidable de les voir ensemble, ces "Dupont et Dupond" qui, en plus de réussir ce qu'elles touchent, sont d'impressionnantes leaders de l'aide humanitaire !
Et la porte s'ouvrit...
La directrice nous a fait signer un papier important -- un autre... à travers toute cette "grossesse bureaucratique !" Plusieurs des personnes ayant pris bien soin de Johan sont arrivées, les larmes aux yeux. Puis, la porte s'ouvrit... et nous avons vu Johan entrer timidement, mais sereinement.
Il est venu vers nous sans retenue, les mains remplies de deux bouquets de fleurs -- qu'il a tenu à nous présenter à chacun de nous -- puis un bricolage avec sa photo, puis un dessin et un formidable mot d'espoir en la vie... avec nous !
Niagara a eu de la compétition, ce matin...
Les gens de Los Chiquitines et notre interprète se sont retirés afin que nous fassions connaissance. Comment dire... C'est comme si nous nous connaissions !
La barrière de la langue espagnole -- avec moi, parce que Nathalie est vraiment épatante ! -- a rapidement été surpassée par la langue de l'amour.
Dès le retour de l'équipe de Los Chiquitines, Johan a fait de chaleureuses accolades à tous et toutes, a pris son toutou que lui ont envoyés Charlotte et Étienne -- il l'a rapidement baptisé Fabian, sans raisons particulières -- puis il était le premier dehors et le premier dans le taxi qui nous attendait !
"Merci sincèrement pour tout et on passe à autre chose !", nous disait-il à sa manière... Il n'était que 9 heures !
Retour à l'hôtel en une heure, par un trajet volontairement plus long et plus agréable, une idée de Walter, notre fidèle chauffeur de taxi. C'est dense et pollué à Cali, mais c'est une ville agréable à regarder.
En route, nous sommes arrêtés pour gonfler son ballon de foot. Et nous étions à peine sortis du taxi, à notre arrivée à l'hôtel, que Johan a défié le gardien de but que j'ai été jadis... avec un bon botté. Je n'avais même pas eu le temps d'enlever ma cravate des grandes circonstances !
(Il a quand même vu qui est le plus fort: quelques dizaines de bottés et... aucun but !).
Puisque Johan était venu à notre hôtel avec une dame de Los Chiquitines, plus tôt cette semaine pour se familiariser avec les lieux, il était déjà chez lui: il s'est reconnu dans le quartier, savait quelle porte franchir, sur quel bouton de l'ascenceur appuyer et comment insérer la carte magnétique dans la porte de notre chambre.
Lui qui a vécu pratiquement dans la rue peudant sept ans... puis avec six amis dans une chambre de l'orphelinat.. les mots lui manquaient -- même en espagnol -- pour dire son appréciation d'avoir une chambre à lui tout seul, avec des livres et des crayons de couleur, une montre et... un écran plat !
Il aurait regardé la télévision avec une douzaine d'yeux s'il en avait eu... Puis, nous sommes allés à la piscine de l'hôtel. Nous n'y étions que tous les trois. Là, il aurait aimé être une pieuvre pour nager davantage !
Pour dîner, il a bouffé avec régal... Idem pour les deux collations de la journée et le souper.
Il s'exprime beaucoup avec nous, alors qu'il nous a été présenté comme un enfant plutôt réservé qui attend que les adultes lui demandent son avis... À l'entendre et à le voir agir au cours des dernières heures, nous avons rapidement décodé qu'il est "chez lui" à l'hôtel et... "déjà liés à nous" !
Johan est beau comme un coeur (comme Étienne !), allumé, gentil, poli, bien élevé, charmant et charmeur... C'est une "autre perle" qui s'ajoute à notre clan !
Il a sa personnalité: aime les tomates mais pas les concombres, aime prendre des photos et... nous nous sommes trompés dans son heure de dodo: à Los Chiquitines, on nous avait dit qu'il allait au lit à 20 heures et nous l'avons bordé à 19 h 30, par distraction. Dix minutes plus tard, il est venu nous dire qu'il ne s'endormait pas et qu'il préférait être avec nous... Il s'est installé à la table de cuisine avec Nathalie pour écrire, à l'endos de cartes postales du Canada, quelques mots pour les personnes les plus importantes de Los Chiquitines qu'il ira saluer une dernière fois lundi.
Samedi: visite au Zoo de Cali.
Johan a fait une page sur ce blogue avec deux photos importantes pour lui aujourd'hui...
À demain !